Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, je n’ay volu laisser perdre ceste comoditté pour vous donner advis
2du sucès de se pays. C’est que dimanche dernier arrivarent environ
3soixante chevaux à Monbrun, là où il y avoyt de jans de callitté
4et d’arquebuziers aussi, mais ilz ne peurent estre nombrer à cause
5qu’ilz vindrent debvant jour ; soudain deux hommes l’un après
6l’autre en murmurant me vindrent advertir que, debvant qu’il fust douze jours,
7qu’ilz ariont prins des forteresses en se pays de Dauphiné,
8et disant que si bon Dieu leur avoyt ousté l’admiral, qu’il
9leur en avoyt sucitté ung aultre de plus grand callitté,
10qu’ilz seriont tous bien hereux ; et voyant cella, j’en advertis
11incontinant monsieur le vibalhi à cause de Gap, messieurs
12de Serre, d’Orpiarre et de Saint-André, car ainsi que entandons
13ilz desireriont fort d'avoyr ledit Saint-André, et se nous
14seroyt une bride à tout le pays, et que ledit Saint-André
15et Serre meriteriont bien d’avoyr quelcun que y commandat
16avesques des soldartz. Il ne vous fault ja dire quelle garde
17font les paisans vennant du traval, vous advertisant que
18Saint-André est plus fort que l’on ne pance et ne n’y a point
19de chasteau. Monsieur de Saint-André vous dira les particuliarités.
20Et despuis ledit advertissement, nous avons heu quelque
21chatoulhement de messieurs les nouveaux religieux : toutes
22foys, yer, despuis que le sieur de Saint-André fust arrivé
23yci, je heux novelles que ceux-là de Veyne desliberiont
24de s’an aler en nombre de trante ou quarante ; toutesfoys je
25ne n’ay point heu à nuict d’aultre advertissement. S’il survient
26quelque chouse de noveau, je ne falheray vous randre le debvoyr
27que vous suis tenu pour vous tenyr adverti, saluant
28vous bonnes graces de mes tres humbles recommandations,
29priant Notre Seigneur vous donner,
30Monsieur, en parfaicte santé tres longue heureuse vie. De votre maison
31de Saix, ce Ve hoctobre 1572,
32Votre plus humble à vous fère service
33Laborel